Comme le promet le titre de l’article, je vais vous raconter comment j’en suis arrivée à consulter un psy. C’était il y a 10 ans et c’était une des meilleurs décisions de ma vie!
Je vous expliquais dans cet article Hypersensibilité: enfin un mot sur ce mal qui me ronge que mon monde intérieur est souvent mouvementé. Je suis une personne qui cogite énormément et qui est constamment en train de réfléchir, penser à tout un tas de choses. Je suis sans aucun doute un terrain propice à la dépression. Mais paradoxalement, mes proches me disent souvent que j’ai beaucoup de force et de résilience en moi. Je suis effectivement le genre de personne qui n’aime pas abandonner sans s’être battue.
Depuis quelques années, j’ai pris conscience de l’importance de prendre soin de sa santé mentale. En réalité c’est même plus important que la santé physique. Car le mental commande tout. Qui a envie de faire du sport ou de manger sainement quand il est déprimé? Personne!
Bref, j’ai appris cette leçon de vie certes malgré moi, mais je suis tellement reconnaissante de m’en être sortie!
Le 22 août 2012, j’ai donné naissance à mon deuxième enfant. Une fille que je désirais tant et qui aujourd’hui encore fait mon bonheur. Pourtant, 2 mois après sa naissance, j’ai sombré petit à petit dans une dépression du post partum.
Mais avant d’arriver à ce diagnostic, le chemin a été long.
Tout a commencé le soir où je suis sortie de la maternité. J’ai eu des douleurs inhabituelles à la tête . Je suis migraineuse depuis toute petite mais cette fois là, c’était des douleurs vraiment différentes. Je prends un cachet et va me coucher. Mais le lendemain matin, la douleur est toujours là et était plus intense. Je me résigne à laisser mon bébé de 4 jours que j’allaitais à ma maman et à repartir à l’hôpital. Arrivée sur place, les médecins craignent une une thrombose et me font passer un scanner iodé. Après plusieurs heures d’attente, on me donne les résultats: il sont négatifs. Je repars donc chez moi avec une ordonnance d’anti douleurs compatibles avec l’allaitement. En clair du doliprane!
Sauf qu’un mois après, les douleurs sont toujours là. Pendant les mois qui ont suivi, je consulte mon médecin traitant à plusieurs reprises mais comme j’allaitais ma fille, je n’avais droit qu’à du doliprane.
Je décide de me tourner vers des médecines moins conventionnelles.
Je vais voir des ostéopathes, un naturopathe et même un acupuncture mais sans succès. Mon mari, pour m’aider voyant que j’étais de plus en plus mal, m’offre des séances de massage mais que je n’arrive absolument pas à savourer.
Au fil des semaines, j’allais de plus en plus mal. Je me suis retrouvée avec des insomnies. Je ne dormais plus que 2 ou 3 heures par nuit. Résultat: j’étais épuisée et du coup mes migraines se sont amplifiées. J’étais entrée dans un cercle vicieux!
Au mois de novembre, j’ai dû reprendre mon poste de cadre de la fonction publique avec tout le stress et les contraintes qui vont avec. Et je voyais les jours passés avec angoisse, sans solution au bout du tunnel.
En cherchant sur Internet, je suis tombée sur beaucoup de personnes qui se sont retrouvées avec des migraines après un accouchement. La plupart étaient alitées depuis des années et d’autres avaient dû arrêter toute activité professionnelle et étaient reconnues en situation de handicap. Inutile de vous dire que tout cela m’a encore plus angoissé.
Au bout de quelques jours, je finis pas tomber sur l’institut du mal de tête. Je prends RDV sans savoir qu’il s’agissait d’une psy. Je ne l’ai compris qu’en arrivant sur place. J’ai été accueillie par Mme Lagrange qui a su me mettre à l’aise et faire preuve d’empathie. Pour être honnête, j‘étais tellement fatiguée et désespérée que j’étais prête à tout essayer pour aller mieux.
Je commence alors une thérapie avec Mme Lagrange. Elle m’explique le mécanisme des migraines et le fait qu’elles ont bien souvent une cause psychique. Elle me fait prescrire un médicament (dont j’ai oublié le nom) qui ne marche pas. Entre temps, je devais tenir un calendrier des douleurs afin d’identifier les moments des crises et les facteurs qui les déclenchent.
On évoque ensuite la piste de la brèche. Il s’agit d’une bulle d’air qui peut se former lors de la pose de la péridurale pour l’accouchement. Pour y remedier, il fallait faire une blood patch qui consiste, en gros, à injecter son proche sang dans les lombaires.Exactement comme pour la péridurale.
Sauf qu’un soir de décembre, en me rendant à une des séances en transport en commun, je me retrouve sur le quai de la gare Saint Lazare. Mes lunettes de vue tombent par mégarde sur les rails. Je dois donc attendre que le train parte pour les récupérer. Et ce soir là, j’ai eu envie d’en finir. Envie de sauter du quai et de ne plus endurer ces souffrances inexpliquées. J’étais à bout, épuisée et malheureuse.
Et il s’est passé quelque chose d’extraordinaire. Ma maman, qui était revenue chez nous m’aider à m’occuper des enfants, m’a appelé. Elle a senti que quelque chose n’allait pas. Elle m’a appelé régulièrement jusqu’à ce que je récupère mes lunettes et que j’arrive chez ma psy.
En arrivant à la séance ce soir là, la psy a vu que je n’allais pas bien. Elle m’a alors dit « je sais ce que vous avez: une dépression du post partum. Je vais vous envoyer vous un médecin dans Paris qui a l’habitude de traiter ces cas de dépression ».
J’étais à la fois rassurée et sceptique. Depuis tous ces mois, je faisais une depression? Ou est ce le résultat de cette fameuse brèche liée à la péridurale?
La séance de psy s’est donc très vite arrêtée. Mme Lagrange m’a raccompagné chez moi dans sa voiture pour s’assurer que je rentre saine et sauve.
Quelques jours plus tard, j’ai consulté le médecin qu’elle m’avait conseillé. Et j’ai enfin pu voir le bout du tunnel. Il m’a fait arrêter les somnifères, qui soit dit en passant ne marchait plus du tout. Il m’a prescrit un anxiolitique et un antidépresseur. Je dois avouer qu’une partie de moi avait honte de me retrouver à prendre des antidépresseurs. Parce que j’avais tout pour être heureuse: 2 enfants, un mari et un emploi bien rémunéré.
Pourtant avec du recul, consulter un psy et accepter de prendre ces médicaments ont été une des meilleures décisions de ma vie!
J’ai pris des anxiolytiques pendant environ 4 mois et des antidépresseurs pendant 6 mois. Les premiers jours ont été difficiles: entre l’arrêt des somnifères et le traitement je n’étais pas bien. Et ensuite, j’ai commencé à m’apaiser, à faire taire le tumulte dans ma tête et à dormir!
En juillet 2013, j’étais redevenue moi même. Et je peux vous dire que j’ai savouré le reste de l’année.
J’ai fêté mes 30 ans cette année là avec énormément de gratitude.
Après cette dépression, je n’ai plus jamais vu la vie de la même manière. Je sais aujourd’hui reconnaître les signes qui précèdent une dépression. J’essaie de faire attention à moi et à mon bien être même si j’ai encore du mal à ne pas être trop exigeante avec moi.
Si certains d’entre vous se demandent si on guérit vraiment après une dépression, je peux vous rassure tout de suite, oui c’est possible. Ce sera réellement le cas si vous acceptez que vous n’allez pas bien et demandez de l’aide.
La vie n’est pas un long fleuve tranquille et quelques fois il faut affronter quelques vagues avant de pouvoir naviguer dans des eaux plus calmes. Le plus important est de ne pas abandonner.
Je sais au fond de moi que j’aurais toujours une certaine fragilité, un côté un peu torturé que j’ai accepté. Le fait d’avoir vécu des traumas avec le vitiligo depuis mon enfance a laissé des séquelles mais je refuse de me laisser abattre.
Depuis cette dépression, je suis plus attentive à mes pensées. Je m’efforce de revenir à l’essentiel et à savourer la vie. Je ne culpabilise plus de penser à moi ou de dire non quand les choses ne me conviennent pas. J’ai aussi appris à m’éloigner des personnes négatives.
Et surtout, je n’hésites plus à consulter un psy quand j’en ressens le besoin. Cela a été le cas après l’accouchement de mon 3ème enfant? J’ai eu de grosses angoisses les jours qui ont suivi et j’ai suivi une thérapie quelques mois pour m’apaiser. Ce n’est pas pour autant que je me sens faible ou que j’ai le sentiment d’être folle. Il faut beaucoup de courage pour affronter ses démons.
Si je vous ai parlé de mon histoire aujourd’hui c’est pour vous dire que voir un psy n’est pas une tare, prendre des antidépresseurs non plus. Prendre soin de sa santé mentale est primordiale et accepter de se faire aider est une grande preuve de courage. J’espère que ce témoignage trouvera le chemin vers des personnes qui ont besoin de l’entendre car je suis persuadée que cela peut aider.
À bientôt!
Anna